Sade et David Fincher, premiers clients du Studio de Miraval, à la sauce Damien Quintard

Après quelques mois de teasing savamment orchestrés, par Brad Pitt et son associé au Studio de Miraval, les noms des premiers visiteurs et clients du Studio de Correns, où sont passés Chris Rea, Alain Bashung et Pink Floyd, etc…  sont connus : Sade et David Fincher! La musique, le cinéma, les people, le rosé, Miraval épisode 2 s’annonce comme un hit. Bientôt même, on aura des cosmétiques, made in Miraval.

Léna Lutaud est une journaliste patiente et habituée des caprices des stars : formée en cela  par le récit qu’elle a dû écrire des nombreux épisodes de la vie mouvementée du  couple Hallyday, la journaliste spécialisée en économie et culture (qui officie au Figaro) a été la seule journaliste française autorisée à venir découvrir les nouvelles installations des Studios de Miraval, qu’on devrait appeler d’ailleurs le Pitt and Quintard Studio… in Provence. La star de cinéma y est associée à un prodige de la communication et du son, assez peu connu dans le monde de l’enregistrement mais plus dans le cinéma, Damien Quintard, le tout dans une avalanche de Dolby Atmos et de blanc. De meubles et de canapés blancs, pas de vin blanc puisque c’est du rosé que produit et « markète » avec talent la famille Perrin sur place. Brad Pitt ne travaille qu’en duo, semble t-il.

Découvrez ci-après quelques extraits de l’article de Léna Lutaud.

À la sortie de Correns, village médiéval de l’arrière-pays varois, aucun panneau n’indique le chemin vers le domaine de Brad Pitt. Les coordonnées GPS sont envoyées par SMS, lequel est accompagné d’une note: «En raison du caractère confidentiel du lieu et de la renommée de son propriétaire, la sécurité vous fera signer un accord de confidentialité à l’entrée.» À deux pas des propriétés de George Clooney et de George Lucas, le maître de Star Wars, Miraval n’est pas seulement un vignoble célèbre pour son rosé servi aux Oscars et au Festival de Cannes.

Au cœur de ses 900 hectares se niche un studio légendaire où a défilé le gratin des rock stars, à commencer par The Cure, AC/DC, Wham!, Sting et Indochine. Le livre d’or conservé par Manuel Jacquinet, auteur de Studios de légende (1), regorge d’anecdotes. C’est ici, avec le volume à fond, que Pink Floyd est venu achever The Wall. Ici qu’Alain Bashung s’est lié d’amitié avec le cuisinier Edgard et lui dédie son album Fantaisie militaire. Ici que les rockers de Muse ont brûlé leurs guitares dans la cheminée. Ici que Sade susurrait The Sweeetest Taboo en se baignant dans une eau limpide, car, pour ses beaux yeux, la piscine était filtrée plusieurs fois par jour.

« Miraval est l’un des “Abbey Road” français les plus mythiques au monde ». Manuel Jacquinet, auteur de « Studios de légende»

Créé en 1975 par Jacques Loussier, célèbre musicien de jazz et compositeur de musiques de film (1934-2019), et par Patrice Quef, ingénieur du son de haut niveau formé au studio des Dames (1944-2021), Miraval a vécu quinze ans d’âge d’or. «Avec le château d’Hérouville, dans le Val-d’Oise, qu’aimait tant David Bowie, Super Bear, dans les Alpes-Maritimes, qui fascinait David Gilmour, guitariste de Pink Floyd, et Davout, à Paris, Miraval est l’un des “Abbey Road” français les plus mythiques au monde, souligne Manuel Jacquinet. Les Anglo-Saxons adoraient son climat, sa bonne chère et son rosé. C’était le seul studio avec fenêtres! Quand les Anglais y enregistraient sur une longue durée, ils étaient exemptés d’impôts chez eux et c’était l’occasion de sillonner la Côte d’Azur avec leurs belles voitures.»

«Le mystère perdure»

À la fin des années 1990, Miraval s’endort doucement, sortant de sa léthargie uniquement pour accueillir Muse, Shirley Bassey ou les métalleux allemands Rammstein. En 2007, ses portes se referment pour de bon. Le domaine appartient désormais à un millionnaire américain qui le cède, en 2008, pour 25 millions de dollars à la société luxembourgeoise Quimicum, propriété d’Angelina Jolie, via son holding Nouvel, et de Brad Pitt, via son holding Mondo Bongo. Les acteurs investissent des dizaines de millions d’euros dans la propriété et s’associent pour le vin à la famille Perrin. Le rosé de Miraval devient célèbre – il génère des dizaines de millions d’euros de profit -, mais les studios tombent dans l’oubli. «Miraval a toujours été l’un des lieux les plus secrets au monde. Son mystère perdure car les rares personnes qui y ont accès sont décédées et toutes les photos d’époque ont disparu», explique Manuel Jacquinet. C’est dire l’onde de choc quand, fin 2021, Brad Pitt, le plus français des acteurs hollywoodiens, annonce la réouverture des studios. Lui qui traverse si souvent l’Atlantique pour ses films et visite les expositions, comme celle de Charles Ray à la Bourse de Commerce en février 2022, ancre ainsi son amour pour la France.

Après quinze minutes de route en mauvais état à travers un vallon, une grille s’ouvre sans bruit. Tel James Bond, un homme tout de noir vêtu jaillit pour inspecter la voiture. Brad Pitt est la proie préférée des paparazzis après ses divorces avec Jennifer Aniston et Angelina Jolie. À Miraval, la hantise, c’est le passager clandestin caché sous la banquette arrière ou dans le coffre: «Vous allez rouler 2 kilomètres avant d’arriver sur zone. Interdiction de prendre des photos et de vous éloigner du chemin principal», indique notre 007 d’une voix grave. Comme la Lamborghini de Chris Rea autrefois, la voiture souffre sur le chemin caillouteux. Entre pins, ruches, vignes, champs de lavande et oliviers en terrasse, le panorama est à couper le souffle. Miraval, «celui qui domine le Val», porte bien son nom…

 

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